SEPTEMBRE 2024 – « Faites tout ce qu’Il vous dira » (Jn 2-5)

Dimanche 8 septembre, nativité de la Vierge Marie. Au mois de septembre, en semaine, la liturgie de l’Église célèbre Marie à trois reprises, la naissance de Marie (le 8), le nom de Marie (le 12) et les douleurs de Marie (le 15).

Dimanche 29 septembre, le matin à 10 heures, le Pape François présidera l’Eucharistie au stade Roi Baudouin. Au cours de cette célébration, il béatifiera également la carmélite Anne de Jésus, décédée à Bruxelles. La messe sera retransmise en direct sur les chaînes de télévision du monde entier.

Durant tout le mois de septembre, récolte des dons destinés aux enfants d’Abidjan : Vêtements, chaussures, bottes en caoutchouc, matériel scolaire : cahiers, fardes, crayons, Bics, gommes… cartables, sac à dos…jeux et jouets en bon état sont les bienvenus… Nous récolterons vos dépôts jusque fin septembre afin de les envoyer dès octobre, qu’ils puissent être distribués pour Noël. Dites-le autour de vous. MERCI.

Distribution des dons 2023:

Sanctuaire de Beauraing – photo Stéphanie

Vidéo de la célébration de l’Assomption au Domaine marial de Sterpenich:

L’assemblée du 15 août

Eloge d’une femme tout terrain

C’est une fille comme toutes les filles :
elle a poussé entre les jupes de sa mère et la rumeur du seuil ;
elle a senti changer son corps, s’ébaucher formes et désirs ;
elle a perçu l’appel de l’homme avant celui de l’ange ;
elle a dit oui,
elle a marché, intrépide, sous les regards étonnés ;
elle a porté l’Enfant dans l’émerveillement et la crainte,
la reconnaissance ;
elle L’a mis au monde sous de durs auspices,
réchauffée par l’éclat de l’étoile, le souffle des bêtes
familières, la flûte des bergers.

C’est une femme comme tant de femmes de ce temps :
en fuite, sur les routes de tous les exils,
petit et baluchon en guise de bagages ;
à refaire les gestes des commencements :
allaiter le nourrisson d’un sein maigre,
grappiller le bois, faire bouillir l’eau à l’heure de halte ;
à espérer, contre toute espérance ; au vif du mal et de
la violence, grain sous la meule ;
avant d’enfuir sa quête dans un village ordinaire,
entre la table et l’établi ;
à veiller sur la croissance de cet Enfant qui se devait
aux affaires de son Père,
à garder tous ces mystères en son cœur.

C’est une mère comme les mères d’aujourd’hui :
à tenter de comprendre le jeu de son fils,
à rallier son projet,
à l’escorter de loin, des yeux de l’âme et de la prière ;
à trembler tandis que s’accumulent menaces et
sombres nuées ;
à ne pas se dérober au calvaire,
à suivre son petit devenu homme jusqu’au sommet
de l’infamie ; larmes et sang ;
à poser sa détresse sur l’épaule amie ;
à croire au tombeau ouvert.

C’est une femme vieillissante dans l’ombre
et la ferveur :
une aînée sereine, attentive,
à ranimer la braise de mémoire, à transmettre
aux disciples ce qu’elle sait ;
à ouvrir les bras d’éternelle compassion.
C’est une présence de chaque instant,
une quotidienne,
une miséricorde sans fond, sans mesure et sans
limite ;
une clémence lumineuse après les désaveux,
les pires abandons,
une indulgence qui ne fera pas ses comptes.

C’est Marie.
Une fille de noces, une joie allègre
ricochant comme galet sur la surface polie,
bondissant par dessus les collines,
emplissant l’air d’échos en liesse ;
une source limpide entre les roches,
une flamme invincible,
un vif élan d’enfance à jamais réconciliée,
arche d’alliance. Celle qui nous tient la main à chaque heure
de notre vie.

Colette Nys-Mazure, Journal Dimanche du 15-08-2021 (n°27)

Photo Suzanne

Un grand merci à Suzanne qui donne beaucoup de ses magnifiques fleurs à l’église durant l’été ainsi qu’à Nelly pour ses hortensias !

AOUT 2024 – « Que tous soient un! »

Avant le texte de l’homélie prononcée par le Père Jean-Jacques Flammang scj à la chapelle de Clairefontaine pour la fête du Sacré-Cœur, voici une proposition de découverte d’un jeune chanteur chrétien : Jonathan Paton et son groupe, avec un nouveau CD : « Comment décrire ».

Et une courte vidéo : Brabançonne interprétée par François à l’église de Barnich à l’occasion de la fête nationale :

Et une photo de la distribution des dons reçus pour l’opération «Arbre de Noël à Abidjan ». Vidéo en cours de montage mais de nouveau, nous faisons appel à vos dons :

Vêtements, chaussures, bottes en caoutchouc, matériel scolaire( cahiers, fardes, crayons, Bics, gommes… cartables, sac à dos scolaires… Jeux, jouets en bon état sont les bienvenus…

Nous récolterons vos dépôts jusque fin septembre afin de les envoyer dès octobre et qu’ils puisent être distribués pour Noël 2024. Dites-le autour de vous. MERCI.

Thérèse pour l’équipe pastorale

Homélie prononcée par le Père Jean-Jacques Flammang scj à la chapelle de Clairefontaine pour la fête du Sacré-Cœur

(…)

Chers amis,

Notre Fondateur, le Père Dehon, dont nous célébrons bientôt le centenaire de la mort – il est en effet décédé le 12 août 1925 à Bruxelles, et la Congrégation commence un jubilé cette année-ci – le Père Dehon trouvait dans le Côté ouvert et le Cœur transpercé l’expression la plus évocatrice de sa foi en ce Dieu qui est amour et charité. 

Car c’est bien la mort qui nous est montrée ici, mais avec saint Jean et le Père Dehon – et avant lui et après lui – beaucoup de fidèles discernent le don ultime que Dieu fait à l’humanité, l’amour et la miséricorde, les sources du salut. Le Père Dehon note: 

C’est du Cœur du Christ que naît l’homme nouveau, animé par l’Esprit et uni à ses frères dans la communauté qu’est l’Eglise. 

Cet homme nouveau, sensible au péché, connaît les maux de la société, et voit leur cause profonde dans le refus de l’amour du Christ. C’est pourquoi avec la grâce de Dieu il s’efforce d’instaurer partout le Règne du Sacré-Cœur, dans les âmes et dans la société. 

Dans une semaine commence à Rome notre 25e Chapitre général. Les Prêtres du Sacré-Cœur de l’Europe francophone seront représentés par notre confrère Théo Klein. Il passera tout un mois à Rome avec les confrères du monde entier pour voir comment bien comprendre et mieux vivre la dévotion au Sacré-Cœur dans notre monde. Un logo a été créé pour cette occasion. Nous le voyons sur les feuilles de chant. 

Pour un monde qui est en train de se réorganiser, non sans luttes et guerres sanglantes, le logo rappelle clairement quelle doit être pour nous la source de notre inspiration: ce ne sont pas d’abord les valeurs européennes qui privilégient souvent nos propres intérêts. Pour ces valeurs-là, nous n’avons pas besoin de faire la guerre, si nous voulons les défendre, nous devons les vivre avec le monde entier, et pas seulement entre nous, Européens. 

C’est beau de célébrer l’Union européenne, mais nous ne devons jamais oublier l’objectif des fondateurs catholiques de l’Europe: leur but était non pas protéger l’Europe contre le reste du monde, mais instaurer une entente entre les nations et œuvrer pour une paix juste: L’Europe ne doit pas être une menace, mais un signe d’espérance pour le monde entier.   

Le Père Dehon l’avait bien vu, lorsqu’il demande non pas seulement la charité, mais d’abord la justice pour tous et lorsqu’il critiquait – avec le savoir et les limites de son époque – les riches exploiteurs capitalistes. Il avait raison lorsqu’il refusait d’exclure quiconque de son projet de société et qu’il rassemblait les ouvriers et les exploités, mais aussi les patrons et exploiteurs pour leur rappeler les exigences de l’Evangile. 

Le 25e Chapitre Général s’est donné comme devise: « Que tous soient un! » dans un monde en transformation – Comment le réaliser? Eh bien, on attend les résultats du Chapitre que le Père Théo va nous rapporter de Rome, mais déjà maintenant le logo indique la direction: Tous – peu importe d’où nous venons et qui nous sommes – tous nous sommes appelés à mettre au centre le cœur, signe d’amour, d’un amour qui est ouverture, bienveillance, compréhension, un amour qui est désir d’unité au-delà de nos frontières, miséricorde et énergie de transformation en vue d’un monde qui ne cherche pas la guerre et les intérêts de quelques privilégiés, bien mais la justice et la paix pour tous. Les couleurs du logo créé par un jeune confrère brésilien indiquent les continents où sont présents les Prêtres du Sacré-Cœur. Le bleu symbolise l’Europe d’où le Père Dehon avait envoyé ses missionnaires vers le violet, l’Afrique, le jaune, l’Asie, le rouge, l’Amérique, et le vert, l’Océanie. 

Wa mer dës Fuerwen kucken, gesi mer datt d’Blo vun Europa mat alle Faarwen verbonnen. Dat weist op d’europäisch Missioun hunn. Awer och all déi aner Faarwen verbannen sech, a mir si frou, datt mer vill Geeschtlech a Laien haut vun anere Kontinenten bei eis hun, déi mat eis de Glaawen liewen. Hei zu Clairefontaine hu mer de Père Vincent aus dem Vietnam an de Fr Joseph aus dem Madagascar, a mir kréien och nach de jonke Fr. Antoine aus dem Vietnam, deen hei zum Diakon a Priester wäert geweit ginn. Mir kënnen ee vun deem aneren léieren, esou datt mer all kënnen gleewen, un d’Léift, déi Gott eis mam Häerz vu Christus weist. Dat mer ëmmer méi vun der wierklecher Eenheet, déi den Hergott ënnert eis wëllt, kënne liewen, dat soll eise Wonsch an eist Gebiet haut, op dem Häerz-Jesu Fest sin. Amen. 

Funérailles de Jean Pierre Kieffer – homélie de l’abbé Jean-Marie Piron

Nous reproduisons ici le texte prononcé à la messe du vendredi 12 juillet par l’abbé Piron. Nous le remercions d’avoir consenti à sa publication.

* Nous avons célébré il y a peu de temps notre jubilé et nous avons convenu qu’il ne fallait pas s’étendre sur des éloges mais  dire notre foi pour en faire goûter la beauté souvent cachée aux yeux de nos contemporains. Mais cela ne m’empêche pas de souligner quelques qualités chrétiennes profondes de J-P. Je ne fais que les suggérer. Les rencontres de ces jours-ci me réjouissent car les nombreux témoignages entendus vont au cœur et visent juste. Je vais donc dire ce qui me touche. Jean Pierre est un *aimant (dans les deux sens du terme) qui attire toutes celles et ceux qu’il rencontre et qui se sentent reconnus dans leurs blessures par son cœur plein de tendresse et d’amour pour leurs pauvretés. Nous ne devons pas être tristes car il est avec le Christ vivant ressuscité en qui il a cru de tout son cœur. Il ne cache pas ses fragilités mais ne les étale pas. Il est discret et délicat. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quelqu’un. (Cela est rare de nos jours où beaucoup se critiquent et s’injurient dans tous les réseaux sociaux.) C’est un homme qui pense et est en recherche constante pour comprendre le monde et la foi pour y témoigner. C’est un éternel curieux de tout, que nous aimons rencontrer dans les conférences et sessions de formation. Il est pour nous un stimulant dans la connaissance du riche patrimoine de la foi et des cultures philosophiques et scientifiques qui ne se prend pas au sérieux. Nous avons pu apprécier son humour : il savait nous faire rire…

*Allons maintenant au cœur de notre foi. Le Christ est relevé d’entre les morts pour chacune et chacun, pour toutes et tous. Sinon nous ne serions pas ici. Nous sommes dans l’avant dernière étape du projet de Dieu pour sauver sa création. C’est le temps de L’Esprit- Saint qui poursuit le travail de résurrection dans nos vies et au-delà de la mort. Nous sommes baptisés dans le Corps du christ et comme dans une naissance la tête est déjà sortie ; le corps suit pour naître au monde nouveau qui commence. L’eucharistie nous donne le Corps du Christ vivant pour nourrir nos âmes, nos esprits et nos corps, germe qui va grandir dans la résurrection. L’espérance c’est le Christ, premier né de cet univers nouveau, Soleil levant sur une terre nouvelle. Le ciel n’est pas un club-Med où l’on attend paresseusement la venue glorieuse de Jésus mais nous y travaillons ensemble.

 La vie des prêtres c’est de donner le Corps du Christ pour l’Eglise et le monde. Nous sommes encore en voyage à travers le désert de la vie et nous avons besoin d’une nourriture solide pour la route souvent éprouvante. Jésus  est au milieu de nous et se donne  par sa parole et le Pain de son Corps, L’espérance, ne la cherchons pas dans nos théories ésotériques mais dans les sacrements de Dieu qui est Jésus caché, présent aussi dans l’humanité souffrante. Ce que vous avez fait au plus petit c’est à moi que vous l’avez fait. Cela, Jean Pierre l’a très bien compris. J’étais en prison et vous m’avez visité.  

                                                                                                                  Jean-Marie Piron

Lettre de l’abbé Kieffer aux paroissiens de Toernich-Udange

Nous reproduisons ci-dessous les belles paroles adressées à la communauté de Toernich-Udange par l’abbé Kieffer, à la suite de la célébration de son jubilé en 2023:

« La Knipchen s’éveille » par Maurice Mathias

« Chers tous,

Vos cadeaux très sympathiques m’ont bien touché!

Le livre de Jean-Marie est, pour moi, une invitation à découvrir les 30 chênes du bois de Lagland.

Scout, j’aimais, en forêt, marcher à l’azimut, les yeux fixés sur ma boussole, et suivre tout droit la bonne direction. Mais, aujourd’hui, marcher tout droit ne me suffit plus!

J’aime prendre les chemins de traverse, quitter les sentiers battus pour découvrir, me disperser, m’enfincer dans la nature dans toute sa beauté.

Kierkegaard a écrit: « Il ne suffit pas de traverser la forêt, il faut s’y enfoncer ».

Je m’engage à le faire en m’appuyant sur le « bâton torché », « pyrographié » du slogan de Soeur Emmanuelle: « Yallah! »- en avant.

Merci pour votre sympathie et votre accueil!

Que Dieu vous bénisse, toutes et tous!

Abbé Jean-Pierre Kieffer »

Décès de l’abbé Jean-Pierre Kieffer

L’abbé Jean-Pierre Kieffer nous a quittés le lundi 8 juillet. Sés funérailles auront lieu ce vendredi 12 juillet à 14h en l’église Saint-Martin d’Arlon.

En attendant la publication d’un hommage approprié, nous remercions le Seigneur pour sa présence parmi nous et nous prions pour le repos de son âme. Nos pensées vont à sa famille et à tous ses proches.

Pour plus de détails, voici le lien vers l’annonce nécrologique sur le site de la maison de funérailles Colles-Dominicy.

Voir aussi article sur le site du diocèse.

JUILLET 2024 – Dieu se pose sur ton épaule comme une bulle de savon…

« Les bulles de savon se posent un peu n’importe où et parfois sur notre épaule… tout doucement comme le fait Dieu… »

les catéchistes lors de la messe de clôture de la catéchèse

« Laisse-toi donc aimer ! — Oh ! L’amour, c’est la vie.
C’est tout ce qu’on regrette et tout ce qu’on envie
Quand on voit sa jeunesse au couchant décliner.
Sans lui rien n’est complet, sans lui rien ne rayonne.
La beauté c’est le front, l’amour c’est la couronne :
Laisse-toi couronner ! »

Extrait de Hier, la nuit d’été, de Victor Hugo

Il y a sûrement mille manières de prier… D’abord, on peut regarder l’hostie présentée dans l’ostensoir et se mettre en présence de Dieu. On peut commencer par des paroles toutes simples : « Tu es là, je suis là. Tu m’aimes, je t’aime. » Il y a certainement un acte de foi à poser : je ne vois qu’un petit morceau de pain, mais la foi me dit que Dieu est présent dans ce morceau de pain. Nous nous appuyons sur la foi de l’Église qui croit que si Jésus a dit : « Ceci est mon corps », il est vraiment là.

Ensuite, chacun prie avec l’épaisseur de sa vie : le médecin avec ses malades, la maman avec ses enfants dans le cœur. Nous prions avec nos distractions, nos chagrins, nos peurs et nos angoisses que nous déposons devant le Seigneur. Combien de fois, lassée des disputes des enfants et de mes faiblesses innombrables, j’ai été ressourcée par l’adoration. J’en repartais reposée, beaucoup plus qu’après des vacances de mère de famille ! Certes, j’ai connu aussi des adorations sèches. Le roi des Belges, Baudouin disait : « Même si je ne sens rien, je sais que ton amour me transforme, me purifie, me rend sage, plus patient, plus aimant. » (…)

Photo Martine

« J’ai été éblouie il y a peu par le témoignage d’un jeune catéchumène. Alors qu’il ne voulait pas devenir croyant, il a poussé la porte de l’aumônerie car « quelque chose de plus grand que lui l’a touché et poussé », m’a-t-il dit. Et en désignant l’ostensoir, il a ajouté : « Tu sais, dans ce point blanc, ce quelque chose de plus grand est là aussi. Il me touche, moi, et jusqu’aux extrémités de la terre. » L’adoration, ce n’est pas une lune de miel avec Jésus, mais c’est partager l’amour du Christ pour tous. Toute sa vie est contenue dans cette parole : « Ceci est mon corps livré pour vous. » Donner sa vie en nourriture est la vocation de tout être humain. Je crois que c’est en regardant longtemps Jésus que l’on désire entrer dans ce dynamisme d’amour. »

Extrait de l’interview de la théologienne Bénédicte Delelis, autrice et mère de famille, Recueilli par Florence Chatel, le 29/02/2024 Site Croire.com

Bonnes vacances aux étudiants et bel été à tous !

Photo Stéphanie

JUIN 2024 :  « Esprit de lumière, Esprit créateur, restaure en nous la joie, le feu, l’espérance »

Chant de la Communauté de l’Emmanuel (B. Pavageau) 

Photo Anne G

Les textes sont peut-être un peu ardus mais le christianisme mérite d’être redécouvert dans toute sa richesse spirituelle.

« Après le Temps de Pâques, nous entrons dans le Temps de l’Esprit. Les deux sont bien sûr intimement liés. On ne peut comprendre l’un que par l’autre. Le Mystère pascal du Christ est le fondement, la Source permanente de l’Esprit en nous, tandis que le Mystère du don de l’Esprit est le but, la finalité de Pâques, son accomplissement. Le lien entre ces deux Mystères est essentiel à l’intelligence de la foi chrétienne. Le Nouveau Testament met cette relation en lumière à travers deux sources, qui peuvent être lues comme se complétant mutuellement: les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), les Actes des Apôtres et saint Paul d’une part; l’évangile de Jean d’autre part. Ces deux sources ont chacune leur perspective propre, qui se marque dans un traitement théologique différent des mêmes traditions orales et écrites, qui rapportent les événements. L’évangile selon saint Luc et les Actes des Apôtres, du même auteur, sont les deux textes les plus représentatifs de la première perspective. A la fin de l’évangile de Luc, Jésus apparaît aux Onze apôtres le soir de Pâques. Juste avant son Ascension, il leur annonce la venue de l’Esprit Saint qui sera la force vivante et fondatrice de leur témoignage: « Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Pour vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez, d’en haut, revêtus de puissance. » (Lc 24,49)

Le début des Actes des Apôtres fait le lien avec la suite des événements, en reprenant les propos de Jésus et le récit de son Ascension, situés cette fois quarante jours après Pâques: « vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous… » (Ac 1, 8). Le jour de la Pentecôte, le cinquantième après Pâques, l’Esprit vint « comme le souffle d’un violent coup de vent » (Ac 2,2). « Ils furent tous remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (Ac 2,4). Cette séquence lucanienne inscrit, déploie les événements dans le temps, dans l’histoire du Salut, et représente l’origine scripturaire du Temps pascal dans la liturgie et la spiritualité chrétiennes. (…)

La deuxième source scripturaire relatant le don de l’Esprit Saint aux disciples est l’évangile selon saint Jean. D’une manière aussi simple que saisissante, l’évangéliste ne situe pas ce don le jour de la Pentecôte, mais le soir même de la Résurrection – le premier jour de la semaine. Présent au milieu des disciples, Jésus leur dit par deux fois: « La paix soit avec vous » (Jn 20,19.21). Et la deuxième fois, il ajoute: ‘’Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie’. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit: ‘Recevez l’Esprit Saint’ » (Jn 20, 21- 22). Quant à l’Ascension, Jean ne la mentionne pas à ce moment, contrairement à Luc, ni à aucun autre. Mais elle est implicitement évoquée par Jésus ressuscité, lors de sa rencontre, le matin, avec Marie de Magdala: « Ne me retiens pas! car je ne suis pas encore monté vers mon Père. » (Jn 20,17) En ne déployant pas la Résurrection et le don de l’Esprit dans le temps, le quatrième évangile souligne la continuité entre ces deux Mystères qui, essentiellement, n’en font qu’un. Jean montre, sans doute plus clairement que les synoptiques, que c’est l’élévation, la glorification de Jésus – entendez: sa mort, sa Résurrection et son Ascension– qui libère les eaux vives de l’Esprit. (…) Chez Jean, c’est le Ressuscité lui-même qui communique le souffle de Dieu. (…) « En vérité, en vérité, je te le dis: nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas si je t’ai dit : ‘Il vous faut naître d’en haut’. » (Jn 3, 5-7) « Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle. » (Jn 4, 13-14) »

 Christophe HERINCKX, Journal Dimanche du 19-05-2024

Photo Sylvianne

« L’apôtre se mettra dans la condition de vie des gens à qui il s’adresse avant de chercher à les amener à son propre genre de vie. S’ils cherchent Dieu par une autre voie que lui, il ne les pressera pas de choisir la sienne, mais de vérifier quel est leur souci des autres, ce qui est le critère de vérité de toute préoccupation religieuse ou spirituelle ; si la question de Dieu, de l’au-delà ou de salut ne les trouble pas ni ne les intéresse, il les amènera à s’interroger sur leur sens de l’homme et de la vie humaine et sur les grandes causes humanitaires de ce temps : c’est sur cette voie que Dieu viendra incognito à leur rencontre » (…)

«…Toute religion est enracinée dans du social, est essentiellement sociale par ses liens à un passé, un peuple, une histoire, une culture, une visée politique, une théorie économique, à tout un ensemble de particularités qui ne lui permettent pas de se prétendre universelle. (…) Mais le christianisme est autre chose que religion, car il est fondamentalement foi, c’est-à-dire pensée et visée de Dieu, mais aussi de l’homme et du monde, car il est non moins essentiellement salut, salut proposé à l’homme , mais aussi à penser et à construire par lui. Or, les hommes aspirent à un salut de tout temps, les philosophes ont parlé de Dieu, de l’immortalité, de la parenté de l’homme avec Dieu, et il est ainsi arrivé que l’idée du salut et la pensée de Dieu ne sont pas tombées dans le christianisme seulement par la voie d’une révélation mais non moins de la raison, ainsi que je l’ai plusieurs fois noté.

Pour tous ces motifs, la pensée chrétienne tient à rester en dialogue avec la philosophie et les différentes sciences qu’elle inspire, et ce n’est pas par orgueil, mais par souci de la vérité, de mériter la confiance des personnes qu’elle attire, de s’enrichir de la vérité d’autres branches du savoir, d’en juger aussi par elle-même en tant qu’elle porte au monde le jugement de l’Esprit de Dieu. »

L’esprit du Christianisme de Joseph Moingt, Temps Présent, 2018.

Quelques photos du pèlerinage à Clairefontaine le lundi de Pentecôte. Voir aussi la vidéo :

Photo Sylvianne
Photo Sylvianne
Photo Sylvianne