Là-haut, c’est le ciel. Là, c’est chez Dieu.
Tout y est parfait.
Et ici sur terre que de lacunes !
Se lamenter ? Soupirer !
Cela ne pourrait rien changer.
Dieu est venu sur terre et l’espérance est née. Des hommes se sont levés pour la transporter. Ils sont partis par les chemins du monde et d’autres aussi se sont levés.
Nous en avons rencontrés et à notre tour nous nous sommes levés.
Depuis nous ne pouvons plus vivre tranquilles tant qu’à nos côtés une souffrance n’est pas consolée.
Là-haut, c’est le ciel.
On dit que c’est chez Dieu.
Ici c’est la terre
et Dieu y a posé le pied.
Tiré du livre Rencontre avec Lui de l’abbé G.Balthazard
Qui connaît la doctrine sociale de l’Eglise ?
Cela ne me disait rien.
Aussi…je me suis documenté quelque peu…
D’où vient la « doctrine sociale » ?
Jacques-Benoît Rauscher : À partir de l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII en 1891 jusqu’au concile Vatican II, cette doctrine s’est construite en quelque sorte sur les ruines de la chrétienté. Dans un monde en voie d’industrialisation, de démocratisation, de développement de nouveaux régimes politiques, il y avait une volonté de l’Église de mobiliser une philosophie sociale chrétienne pour répondre aux nouveaux défis du temps. Dès le départ, cette doctrine rencontre une audience, Jaurès y faisait référence, et elle irrigue aussi la culture, le Curé de campagne de Bernanos rappelle son importance. (…)
Jean-Paul II définit la « doctrine sociale » comme une partie de la théologie morale. Il dit là quelque chose d’important : la doctrine sociale de l’Église n’est pas juste une réponse à des situations ponctuelles. Mais on peut parler de vraie doctrine, car elle s’appuie sur une tradition de plus de 2 000 ans. Ce n’est donc pas une idéologie politique temporaire. (…)
Extrait de l’interview de Jacques-Benoît Rauscher, Dominicain, docteur en sociologie, La Croix.com 1-04-22
« La morale sociale concerne tous les aspects de la vie. Nous ne sommes pas des croyants, assidus – je l’espère ! – qu’à la messe du dimanche. Nous avons des responsabilités familiales, politiques, sociales, économiques… la doctrine sociale de l’Eglise nous permet justement d’être chrétien partout et à tous les moments de notre vie (…)
J’ai pu constater qu’il y a des chefs d’entreprise qui sont sensibles à cet enseignement social. Depuis quelques années, je suis invité au mois de septembre à un colloque destiné aux futurs ingénieurs. Là, je rencontre des chefs d’entreprise qui ne m’ont pas attendu -d’ailleurs- pour incarner l’enseignement social dans la réalité vécue. Ils sont très sensibles à la notion de solidarité. Ils sont attentifs à donner une vraie définition à la notion d’autorité. L’autorité, pour eux, est vue comme un service. Il y a tellement de bon sens dans cet enseignement social, que même en dehors des cercles chrétiens, on voit des personnes qui conçoivent l’entreprise autrement. (…) La première chose que je dis aux étudiants ingénieurs que je rencontre : dans une entreprise, l’important n’est pas le patron, mais les personnes humaines qui y travaillent. (…) De celui qui est considéré comme le patron jusqu’à l’apprenti qui vient d’arriver, ils ont tous la même dignité. J’encourage donc les étudiants à s’interroger sur ce qu’est une personne humaine, pour tenter plus tard d’être un bon gestionnaire.
Malheureusement, nous sommes surtout confrontés à une terrible dissolution des rapports humains. La pandémie a révélé au plus haut point le besoin de liens, et ce qui peut nous unir. J’ai été très frappé par un article de F.Van de Woestyne (éditorialiste en chef à la Libre) dans lequel il écrit :’En Belgique, il y a onze millions de premiers ministres, onze millions d’épidémiologistes…’ Les peuples ne sont plus gouvernables, tellement ils sont dominés par l’individualisme. Sauf quand on voit des initiatives où apparaît ‘le goût de l’autre’, selon l’expression de l’économiste Elena Lasida. On l’a vu pour les inondations : les gens se sont mobilisés spontanément, d’un peu partout, pour donner un coup de main aux autres. »
Claude Callens, professeur en philologie romane et chargé de cours en morale sociale, diverses publications à retrouver sur www.moralesociale.net
Extraits de l’interview de A.F. de Beaudrap dans le journal Dimanche du 20-03-22
Extraits de l’interview de François Asselin, chef d’une entreprise du bâtiment spécialisée dans la restauration du patrimoine et président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME en France)
Comment, en tant que patron, interprétez-vous les mots : discerner, décision et autorité ?
François Asselin : Ces trois mots sont destinés à générer de l’action, de l’engagement. Avant d’agir, j’ai besoin de bien discerner, c’est-à-dire prendre le recul nécessaire. Dans ce domaine, l’Église a de bons outils, comme l’accompagnement spirituel. Dans mon métier, cela veut dire consulter ceux dont l’avis peut m’éclairer, notamment ceux qui ne pensent pas comme moi. Cette altérité apporte un éclairage qui peut me conduire à modifier une décision que je comptais prendre. J’ai besoin de m’éloigner un moment du monde pour me tourner vers la transcendance. Mais ce n’est pas toujours possible…
Vous avez employé le mot de « transcendance ». Que voulez-vous dire ?
F. A. : Je crois beaucoup à la force du rituel, qui structure les actes que je vais poser dans la journée. Il n’y a pas un jour où je ne prie pas. Pour prendre du recul, j’ai besoin de ce dialogue intime avec le Seigneur et ses intercesseurs : la Vierge, les saints. Le matin, je prie les laudes, et je lis l’Évangile et la vie du saint du jour. Le soir, après avoir dit l’acte de contrition, je remercie pour ce que j’ai vécu dans la journée. Se reconnaître pécheur m’aide à rester humble et à éviter la tentation de l’orgueil, qui guette notamment ceux qui prennent des décisions qui vont avoir un impact sur la vie des gens.
À quelle occasion vous êtes-vous rendu compte de l’importance de prendre un avis différent du vôtre ?
F. A. : Je pense, par exemple, à l’organisation d’un chantier. En discutant avec les membres de mon équipe, pétris de bon sens, j’ai compris que sa mise en œuvre était perfectible, et que nous aurions gagné du temps et évité certains écueils, si je les avais écoutés en amont (…) Je suis confronté à la pression de l’immédiateté, qui impose des réponses rapides alors que les sujets complexes n’appellent pas de décision simple… Mais, soyons clair, le pire serait de ne pas décider.
Vous est-il arrivé de prendre des décisions difficiles ?
F. A. : Oui, licencier un collaborateur, par exemple. Le matin de l’entretien qui s’annonçait tendu, je tombe sur cette citation du Christ : « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés » (Mt 7,1-2). J’ai pris conscience que je devais prendre du recul par rapport au ressentiment qui m’habitait alors que j’allais prendre une décision lourde de conséquences.
J’ai compris que, sans doute, le ressentiment habitait aussi ce salarié, et qu’il pouvait même être plus fort que le mien. J’ai vu se dessiner une autre voie possible concernant cette douloureuse séparation. Je me devais de rechercher des conditions équilibrées pour l’un et pour l’autre, en évitant, autant que faire se peut, de se blesser personnellement. C’est un vrai combat que de garder une cohérence entre ce que l’on pense, ce que l’on croit et ce que l’on fait…
Extraits de l’interview réalisée par Gilles Donada, dans le cadre du chemin synodal, Croire.com 26-02-22.
Dans Fratelli tutti, les paroles du pape disent de manière limpide l’enjeu de l’engagement politique comme le souci du bien-vivre dans la société.
« L’histoire du bon Samaritain se répète : il devient de plus en plus évident que la paresse sociale et politique transforme de nombreuses parties de notre monde en un chemin désolé, où les conflits internes et internationaux ainsi que le pillage des ressources créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route. Dans sa parabole, Jésus… se fie au meilleur de l’esprit humain et l’encourage, par la parabole, à adhérer à l’amour, à réintégrer l’homme souffrant et à bâtir une société digne de ce nom. »