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Et en écho à la semaine de Laudato si, un petit article sur Ste Hildegarde de Bingen.
Hildegarde, génie du XIIème siècle (avec son homologue masculin Bernard de Clervaux) est moniale, thérapeute, prophétesse, écrivaine, musicienne et écologiste avant l’heure…
Hildegarde, née en 1098, d’une famille noble, est une enfant très intelligente, douée de capacités paranormales, dirait-on aujourd’hui. Ainsi, elle étonne sa nourrice, lorsqu’à l’âge de 5 ans, elle décrit précisément le pelage d’un jeune veau alors qu’il était encore dans le ventre de sa mère. A la naissance de l’animal, celui-ci est exactement conforme à la description de Hildegarde.
Comme le voulait la coutume (dans l’ancien testament, il fallait consacrer à l’Eternel le dixième de ses biens), Hildegarde étant le dixième enfant de la famille, elle fut confiée au monastère de Disibodenberg, non loin du Rhin ; elle en devint plus tard, malgré sa santé fragile, la supérieure. Hildegarde était une mystique mais aussi une grande thérapeute. Elle veillait particulièrement à la santé physique et morale de ses moniales en leur évitant, contrairement à la règle de l’époque, des privations exagérées : « Je vois souvent, quand un homme maintient son corps sous le joug d’une abstinence exagérée, que l’ennui surgit en lui et par l’ennui, les vices, plus que s’il était nourri ». Ce qui lui vaudra une canonisation retardée par les papes successifs et qui n’intervint que sous la pression de la dévotion populaire !!!
Hildegarde, thérapeute, dont on étudie toujours, surtout en Suisse et en Allemagne, les pratiques thérapeutiques et la pharmacopée. Elle avait une touche personnelle et féminine, fondée sur son intuition très moderne de considérer chaque malade comme une personne unique. Elle met l’hygiène en exergue en conseillant, par exemple, de faire bouillir l’eau…
En tant que médecin, Hildegarde n’est pas prude et n’évite aucun sujet. Elle décrit la diversité des comportements sexuels… et mentionne les propriétés abortives de certaines plantes mais ne porte jamais de jugements.
Elle pratique aussi des exorcismes mais contrairement aux chamanes d’Amérique, d’Afrique ou de Sibérie, Hildegarde n’utilise pas de drogues végétales mais exerce un mystérieux pouvoir sur les malades qui lui sont présentés ; cependant, ces exorcismes l’épuisent et elle doit ensuite se reposer un certain temps.
Ecrivaine d’autant que son époque est marquée par la querelle des Investitures : « Elle trempe sa plume dans une sorte de vitriol divin, tant le fond est sévère mais la forme bien tournée » afin de défendre le parti du pape.
Musicienne, elle a composé plus de 70 chants et hymnes dont certains ont été interprétés et enregistrés par des ensembles de musique médiévale contemporaine.
A la fin de sa vie, elle prêche même dans les cathédrales, à Cologne, Metz ou Trèves, privilège pourtant réservé aux hommes. Néanmoins, elle reste modeste, insistant sur son ignorance et sa « nullité absolue ». Régine Pernoud qui en a rédigé une biographie la considère comme « la conscience inspirée » du XIIème siècle, siècle qu’elle domine de toute sa hauteur et son humilité.
Prophétesse, Hildegarde a consigné ses visions dans un ouvrage « Scivias », du latin Sci vias Domini, « Sache les voies du Seigneur ».
Ces visions, elle ne les reçoit pas en extase, coupée de la réalité, mais ses yeux continuent à voir le réel tandis que son âme voit le divin. On a beaucoup glosé sur le contenu allégorique de ces visions souvent difficiles à interpréter et toujours centrées sur une trilogie : Dieu, l’univers et l’homme. Le macrocosme (l’univers) et l’homme (le microcosme) s’inscrivent dans l’infinitude de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. En dessinant ses visions, Hildegarde met en scène un Christ cosmique annonçant la vision grandiose d’un Teilhard de Chardin.
Le rapport de l’homme à la nature est au cœur de ses préoccupations. Dans « Le Livre de la vie », elle rend compte des méfaits perpétrés par l’homme et des déséquilibres qui en résultent. Elle prophétise la crise écologique quand elle écrit :
« Maintenant, tous les vents sont remplis de la pourriture du feuillage, l’air crache de la saleté à tel point que les hommes ne peuvent même pas ouvrir la bouche comme il faut, la force verdoyante s’est fanée à cause de la folie impie des foules humaines aveugles… » Et, plus loin, elle parle de la nature « bouleversée qui perd son équilibre et inflige aux hommes de grandes et nombreuses tribulations afin que l’homme, qui s’était tourné vers le Mal, soit par elle châtié (…). La Terre ne doit pas être blessée, la Terre ne doit pas être détruite. Chaque fois que les éléments de la Terre seront violés par de mauvais traitements, Dieu les purifiera par des souffrances, par des tribulations du genre humain. Toute la Création est donnée par Dieu à l’humanité pour qu’elle l’utilise. Mais, en cas d’abus de ce privilège, la justice de Dieu permet à la Création de punir l’humanité ».
Ces paroles d’Hildegarde ne sont-elles pas de la plus haute actualité ?
Propos extraits du livre « Heureux les simples » de Jean-Marie Pelt
Pour en savoir plus sur Hildegarde (qui est très en vogue depuis plusieurs années):
Les magnifiques chants d’Hildegarde (Voices of Angels – Voices of Ascension) (1h16)