Transmettre la foi (2)

Pour Thérèse, bien sûr les catéchistes ont un rôle important mais les parents, et pas que les grands-parents, ont un rôle tout aussi important. « Ils sont les premiers à initier leur enfant et sont donc invités à prendre leur rôle d’éveil à la foi en main. Transmettre la foi, être passeurs de flambeau, être témoins, cela se fait par la prière mais aussi par des actes et des gestes concrets. Et comme on n’est jamais chrétien seul, cela passe aussi par le partage de la parole, la prière et la vie communautaire : les célébrations dominicales. » Leur rôle n’est donc pas de convertir, qui est du ressort de l’Esprit, mais de mettre en route sur un chemin de foi, de semer…

Photo Kizoa

Il y a quelques années, les parents s’investissaient davantage puisqu’ils assuraient, à tour de rôle la catéchèse auprès des enfants. Mais il semble que le recul de la culture chrétienne se marque de plus en plus, particulièrement chez les jeunes.

« Le christianisme serait-il devenu une langue étrangère ? Quelle tristesse si c’était vrai… C’est dire la responsabilité qui incombe à tous de persévérer à la transmettre dans sa vitalité et sa profondeur » ainsi que l’écrivait récemment Sophie de Villeneuve, ex-rédactrice en chef de Croire.

Christophe Herinckx, dans son édito du Journal Dimanche du 08 août dernier, le constate également :

« Parmi d’autres, l’un des aspects majeurs de ce que l’on a coutume d’appeler la sécularisation ou la déchristianisation de nos sociétés est, pour l’Eglise, une crise de la transmission de la foi. De fait, par une sorte de rupture culturelle, la foi chrétienne ne se transmet aujourd’hui plus automatiquement, comme jadis, au sein de la famille, de l’école, de la paroisse. Depuis un certain temps déjà, on n’est plus chrétien de génération en génération. (…) Faire connaître Jésus-Christ nous concerne chacune et chacun, là où nous sommes, catéchistes, professeurs de religion, mais aussi parents, grands-parents, disciples du Christ tout simplement. »

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Pourtant les jeunes éprouvent une grande soif et n’ont pas d’a priori sur la foicomme le témoigne Emmanuel de Ruyver qui ne pensait pas du tout devenir prêtre.

Comme la plupart des jeunes gens, il rêvait de se marier, d’avoir des enfants… mais il s’est senti appelé lors des JMJ de Rome 2000. Néanmoins il terminera d’abord ses études d’ingénieur civil et sera ordonné prêtre en 2009.

Voici un extrait de ses propos :

« Les jeunes aujourd’hui n’ont pas d’a priori sur la foi, l’Eglise, raconte le prêtre, ils ont une grande soif de spirituel au sens large ». Les rejoindre sur leur terrain était donc essentiel car « tous les jeunes ont besoin d’entendre cette bonne nouvelle ». « Le prêtre, c’est l’homme de foi, de la Foi et ils en profitent pour parler de Dieu et poser des questions. On croit qu’ils s’en fichent ; bien au contraire, ils sont en recherche. Et c’est eux qui mettent Dieu au cœur de la discussion ». Être présent dans leurs lieux et ne pas trop vouloir les ‘embrigader’ dans nos activités, leur permettre de se confier à quelqu’un quand les questions importantes s’imposent à eux. Tel était donc l’objectif d’Emmanuel.

Avec les jeunes, « je sais pourquoi je suis prêtre, mon cœur est comblé, je ressens cette fécondité du prêtre qui donne la vie ».

Loin de le brusquer, la franchise de certains jeunes lui plaît car au moins, « on sait ce qu’ils pensent et on peut mieux répondre ». Avec le père Emmanuel, on peut parler de tout, dans le respect. « Parfois les jeunes sont dans la ‘provoc’ mais aujourd’hui, je suis armé ». En effet, le célibat, la sexualité sont toujours les premiers sujets abordés par les ados. « Je partage avec eux ce que je vis, et ça les interroge sur leur propre sexualité et le sens qu’ils lui donnent ». Emmanuel se veut aussi toujours très proche des mouvements de jeunesse, où les jeunes le côtoient comme ‘Père Castor’, en référence à son totem.

« Mon lieu de ressourcement, c’est la prière et l’eucharistie quotidienne. C’est ce qui donne le sens à tout le reste, qui unifie, qui recentre quand la journée a été dispersée, car le quotidien est parfois aussi un combat ». (…) Comme il est écrit dans l’évangile de saint Jean, « je suis venu pour qu’ils aient la vie et la vie en abondance ». Et pour Emmanuel, « ça correspond à ce que j’ai envie de vivre dans ma vocation de prêtre ».

Propos tirés de l’article de Sophie Delhalle dans le journal Dimanche n°24 du 14-06-2020.

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