Carême – le jeûne et la pénitence

Nous voici donc dans le temps du carême ; lorsque j’aborde ce thème, on me rétorque souvent que l’année 2020 était toute une année de carême et c’est sans doute juste. Nous avons été privés de beaucoup de choses…mais qu’est-ce que faire jeûne, un des piliers du carême ? Le jeûne est physiologiquement bon pour la santé ; on trouve sur internet pas mal de vidéos et tutos vantant les bienfaits du jeûne…

« Faites pénitence, convertissez-vous ». Telle est la parole, qu’avant toute autre, Jésus adresse aux Juifs et, par eux, aux Hommes. Elle avait déjà retenti à travers les invectives des Prophètes et la prédication du Baptiste. Le Christ, inaugurant son enseignement, la prononce à son tour avec une exigence et une autorité que personne jusque-là n’avait pu lui conférer.

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Photo Sylvianne

Vous souvenez-vous du texte de Jonas, lu le 3ème dimanche après la fête de Noël ?

 La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas :

 « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. »

 (..)Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »

Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac.

La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre.

Puis il fit crier dans Ninive ce décret du roi et de ses grands : « Hommes et bêtes, gros et petit bétail, ne goûteront à rien, ne mangeront pas et ne boiront pas. Hommes et bêtes, on se couvrira de toile à sac, on criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence.

(…) En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés. (Jon 3,1-10)

Et ne croyons pas que le jeûne est d’une autre époque car en Irak, trois jours de jeûne pour la fin du Covid-19 et la venue du pape ont été décrétés à l’initiative du cardinal Louis Raphaël Ier Sako, patriarche de l’Église catholique chaldéenne locale. Demander à Dieu d’intercéder pour la « Résurrection de Ninive ».Du lundi 25 au mercredi 27 janvier, les chrétiens d’Irak sont invités à prier quotidiennement et à jeûner – au moins jusqu’à midi, et toute la journée pour ceux qui le peuvent – pour la fin de la pandémie de Covid-19, et afin que les conditions de la venue dans le pays du pape François, prévue du 5 au 8 mars prochains, soient bien réunies.

Site Croire.com du 26-01-21

Photo Kizoa

Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.  (Luc 4, 1 et 2)

Le carême est un temps de pénitence et de conversion. L’abstinence n’est pas une réelle pénitence. Cette prescription a un caractère symbolique. Elle rappelle qu’il faut se priver de quelque chose. On peut réduire sa consommation d’alcool, de tabac ou de chocolat !

Le pape Jean Paul II a proposé aussi un usage plus modéré de la télévision pour faire pénitence pendant le carême. Certes, l’Église a assoupli les règles et pratiques pénitentielles du Carême catholique : depuis 1949, le jeûne est limité à deux jours, le mercredi des cendres et le vendredi saint ; ce qui est fort peu et sont dispensés de jeûner les personnes de plus de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes enceintes.

En quoi consiste le jeune du carême ? Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée, avec une alimentation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas. Si on prend un repas à midi, on ne prend qu’une légère collation le soir.

La signification du jeûne de carême : jeûner a pour but de donner soif et faim de Dieu et de sa parole. De plus, jeûner pendant le carême n’est pas seulement un geste de pénitence, mais aussi un geste de solidarité avec les pauvres et une invitation au partage (…)

Source : site internet : https://cybercure.fr/

Photo Annie (déjà la renaissance…)

Frère Nicolas Morin, franciscain, attend le carême avec joie, car c’est un temps plus particulier de retrouvailles avec Dieu et de croissance spirituelle. C’est une chance qui nous est offerte pour nous tourner vers Dieu, vers nous et vers les autres. C’est un temps pour renaître, renaître à soi-même !

Donc finalement c’est bien plus qu’un temps de pénitence, c’est un temps de retournement sur soi, de relecture de vie, qui nous est proposé tous les ans ?

N. M : Oui, c’est la pédagogie de l’Église, elle nous propose de vivre avec beaucoup plus d’intensité pendant un temps limité ce que nous sommes appelés à vivre tout au long de notre vie chrétienne.

Le carême, c’est toute la vie chrétienne ?

N. M. : Bien sûr, cette démarche de conversion s’étend sur toute notre vie. (…)

Ce chemin passe quand même par un temps de jeûne, de partage, de prière… Le jeûne, ce n’est pas très drôle, il faut faire des efforts. Comment faut-il le pratiquer ?

N. M. : Je l’entends ainsi : « creuser, élargir l’espace de ma tente ». Si je suis plein, plein de moi-même, de mes activités, il n’y a plus de place pour accueillir l’autre, pour accueillir Dieu et finalement pour accueillir la profondeur de ce que je suis. Le carême veut nous aider à ouvrir un espace et le jeûne, très concrètement, l’exprime physiquement. Alors qu’habituellement, quand j’ai faim, je comble immédiatement ma faim, je vais accepter de manquer, non pas pour manquer, mais pour m’ouvrir à un bien plus grand encore, Dieu, qui est capable de me combler. C’est cela, le sens du jeûne. En même temps, la faim me fait prendre conscience de ceux qui ne choisissent pas la faim, et donc elle m’ouvre les yeux pour une solidarité très concrète elle aussi.

Vous vous privez de certains aliments, vous mangez moins que d’habitude ?

N. M. : Il y a différents types de jeûne, mais pour moi, je ne mange pas le vendredi soir. Je passe l’heure du repas à la chapelle en oraison. Du coup, un jour des chrétiens se sont joints à moi, car ils ne savaient pas trop comment vivre le carême, et depuis cela continue, et cela s’étend même maintenant sur toute l’année. C’est une manière très concrète de vivre le jeûne et de lui donner du sens. (…)

Vous dites que le carême est un temps de transformation. Vous vous sentez transformé, vous, après ces quarante jours, chaque année un peu plus ?

N. M. : Ce serait présomptueux de ma part de le dire ! C’est dans le cœur de Dieu. Mais oui, je crois que c’est un chemin spirituel qui nous aide à grandir tous les jours. Ce chemin-là, nous ne le construisons pas à la force du poignet, il nous est donné. Je crois que le Seigneur ne nous demande qu’une chose : nous rendre disponibles, avoir le désir de l’aimer davantage, et pour le reste, c’est lui qui fait le travail.

Donc il n’y a pas d’effort de notre part ?

N. M. : Si. Nous rendre disponibles demande un vrai effort, très concret.

Cela veut dire se donner du temps tous les jours ?

N. M. : Chacun a son rite. Certains vont marquer le mercredi des Cendres de manière particulière, et prennent le temps de prier, de lire l’Évangile, de célébrer en communauté. Dans ma communauté, chaque repas que l’on ne prend pas est noté, de sorte que l’argent qu’on n’a pas dépensé soit partagé.

Si j’ai bien compris, le carême n’est pas triste, il mène à la joie ?

N. M. : Oui, à la joie de la Résurrection.

Extraits de l’Interview réalisée par Sophie de Villeneuve pour Radio Notre-Dame pour l’émission « Mille questions à la foi » – site internet Croire.com

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